Ou un journal presque intime…

Archives de juillet, 2012

SAROUT


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Je crois que c’est ici, au tout début, que j’écrivais que je n’avais plus de clés. Juste un anneau vide. Ca signifiait alors la fin de tout et le début du reste. Une famille sans domicile, sans travail, parachutée d’un pays à un autre. Aujourd’hui j’ai celle-ci, venue rejoindre celles d’un appartement. Elle ne sert pas à fermer. Juste à ouvrir. Ouvrir grand, autant que je l’ai rêvé. Peut-être même en mieux. Sûrement. C’est en vrai. je devais partir, quitter l’école où je travaille, aller dans une autre ville. Je parlais d’un fil rouge que je suivais et que je suis toujours. Ils n’ont pas voulu que je parte. Et puis tout jouait contre notre départ. Je vais donc rester. J’y ai mis une condition. Celle d’avoir assez rêvé. Je veux passer aux fondations. J’ai écris le projet en 1 journée. Ils m’ont dit « chiche! ». Je n’y ai pas cru. Mais tout s’est très vite enchaîné, prise dans un tourbillon. Depuis presque 3 mois chaque jour s’habille de surprise en forme de récompense de n’avoir jamais lâché, transigé, ou pire, capitulé. Qu’est-ce que j’ai tremblé. Mais elle est là cette clé. Elle m’ouvre aussi les portes de l’université. Grace à elle je vais enfin finir ce que j’ai commencé. Je vais étudier le plus beau des sujets, celui dont j’ai rêvé. Qu’est-ce que je tremble. On y est. Des utopies qui s’assemblent, une réalité qui se créé. J’en suis le maitre d’œuvre, terrorisée par la hauteur, j’ai peur de ne pas l’être, malish, j’irai avec le cœur.

J’avais le rêve d’une école, je réalise une classe. Je passais pour une folle, aujourd’hui j’ai enfin une place. Celle que je me suis faite, mes parents qui me lisent savent ô combien personne ne me l’a donnée. Et je voudrais tant qu’il mesure le bien que ça me fait, que les détresses ne sont que des temps passés, pas même des souvenirs. Je n’ai jamais été aussi vivante, transpirante d’avenir, presque capable d’imaginer un demain meublé d’expériences qui prennent enfin du sens, que je ne cherche plus à fuir.

En septembre, une école accueillant des enfants dit « normaux » accueillera des enfants qui le sont soi-disant beaucoup moins. J’ai crée une classe avec une salle de psychomotricité au sein d’une structure classique. Le développement pour la rentrée 2013 est déjà en gestation. Ca vous parait peut-être un tout petit rêve mais c’est le plus grand que j’ai, scolariser des enfants handicapés, leur éviter l’institut spécialisé par cette sacro-sainte normalité pour quelle serve à autre chose qu’à la dévastation des différences. Je vais même essayer de le prouver en jouant encore le jeu de l’université. A presque 37 ans je risque de me sentir vieille en photo sur une carte d’étudiant. Mais mes parents vous savez. Bien trop vieille avant l’âge, aujourd’hui j’ai tout la légitimité d’être trop jeune après…

Tout est encore en construction, mais j’ai les fondations. Je suis dans le mouvement, la marche en avant. Je ne vais plus me retourner, j’apprendrai  à me sentir forte. Aujourd’hui j’ai une clé. Une qui ouvre des portes.