Ou un journal presque intime…

Archives de avril, 2013

CHAK


Vous tranchez. Vous coupez. Vous affirmez. Vous assurez. Vous savez. Je vous envie presque. Je n’écris plus, ou presque pas du moins. Parfois, dans un coin, un bout de papier adorant finir froissé. Parfois ça me manque, pas souvent c’est vrai. Peut-être que je n’ai pas le temps, c’est pas faux, de temps en temps seulement. Pour être honnête je ne sais plus rien. J’aimais déjà bien plus le doute c’est certain, effrayée par les affirmations et les certitudes auxquelles il manquera tjs des lendemains. J’écoute, je vous lis, j’essaie de comprendre les pour les contre, gardant mes opinions déjà clamées en forme de monstre qu’a trop mangé. Je n’ai plus faim. Prendre parti est nécessaire, je le conçois mais en être fier n’est pas pour moi. Maintenant 3 ans que je navigue sans repères établis, sans partis pris. Mes quotidiens sont des lieux d’apprentissage et quelques fois je me ramasse aux passages… Je cajole ma laïcité entre prières en hébreux, mots d’arabe et leur évidente réciprocité. Je me sers dans 3 cultures, la mienne n’est plus dominante, le mélange s’épure faisant de moi une parente. Etrangère nécessaire d’un tout, le monde est mon chez moi, je m’essuie les pieds en rentrant, c’est tout. J’apprends à vivre à des enfants qui vont mourir trop tôt, j’aide à intégrer d’autres déjà rejetés faute de normalité, j’invente des langages et ils m’offrent leurs mots, ils me donnent l’essentiel et du reste je m’en suis acquittée. Les détails servent de décors sur le chemin de nos morts, la vie avec ses artifices est un vrai supplice. Je livre des batailles qui ne sont pas des guerres, sans ennemis à terre, l’humain dans ce qu’il est est devenu mon arme, et c’est le déglingué qui seul fera sécher les larmes. Alors c’est vrai je n’ai plus d’avis sur qui doit pouvoir se marier, sur celui ou celle qu’on doit aimer, l’être ainsi détaillé est juste un affront à son humanité et ne mérite de discours que de ceux dont l’amertume rend lourd. Je n’ai plus d’avis sur comment mener un monde, le monde ainsi détaillé d’avis tranchés, n’est plus qu’une viande découpée pour charognards satisfaits. Je baigne aujourd’hui dans l’essentiel, de certitude je n’ai que celle du doute, et ne donne mon avis qu’à ceux qui s’en foutent. J’apprends le monde dans sa simplicité et l’humain dans son unité. Je souhaite vivre folle d’insouciance avec le seul respect de l’autre comme conscience.