Ou un journal presque intime…

FOUK STAH

Je suis sur le stah(toit). Je crois que j’y serais souvent. La 1ère fois que j’y suis montée c’était à l’heure du Ftor, l’heure où le jeûne s’arrête, où la sirène retentit et l’appel à la prière commence. Je surplombais la fourmilière, l’observant, aussi attentive qu’un naturaliste amoureux fou. En 3 minutes les rues se sont vidées, chacun pressé de rentrer, les mains pleines de victuailles, impatient de s’attabler. Restait plus que moi, la ville en offrande, hurlant son silence, me caressant de sa tranquillité. J’y suis remontée ce soir, pour vous le raconter. Sous mes yeux s’étalent fière à défier l’horizon, les odeurs m’imprégnaient me donnant l’absolution. Comme disait l’autre, c’est beau une ville la nuit… J’ai enfin vu la mer aussi. 10 ans qu’elle et moi ne nous étions pas vu. Ne s’étalait pas sur la plage des pétasses huilées sur des serviettes accordées à leur vernis à ongles, ne se vautrait pas sur la plage toute l’inutilité d’un touriste qui ravi sa puissance à son portefeuille.. Elle était pleine d’enfants et d’autres bien plus grand, par paquet de 100. Tous jouaient au foot sur des terrains improvisés, tracés dans le sable à la main ou au pied. 2 patés de sable pour faire les cages, personne pour les garder. Tout ces terrains éphémères entremêlaient en damier, la mer s’amusant  encore un instant avant de les effacer. Beaucoup avaient les chevilles bandées, les genoux défigurés à force d’intensité à jouer pour oublier que la vie se joue d’eux. Je suis passée à travers les terrains, prenant soin de ne pas gêner. Jamais un regard hautain, pour moi l’immigrée. Je me suis plantée aux bords, laissant les vagues à la mer, surfant sur celle de mes tripes. Juste avant je m’étais placée en pôle position pour le boulot de mes rêves, encore un peu avant on me proposait d’enseigner. C’était trop. Je n’ai pas su gérer. Je ne compte plus les années de galère et les accidents de la vie, ils ont faillit me rendre amer, pire ! J’ai failli laisser faire.Je connais pas bien le bonheur, on s’est pas croisé souvent. D’ailleurs je préfère l’appeler espoir, celui qui vous met le couteau entre les dents. Sur cette plage, c’était trop. J’avais du mal à contenir mes larmes. J’ai échoué un instant.J’ai vécu en une journée ce que j’ai cherché plus de 30 ans dans mon pays, être parfois, considérée. Mon pays m’a renié m’offrant en guise d’au revoir toute son infâmie. Mon pays m’a délaissée, celui où je suis m’apprendra à lui pardonner.Mais s’il vous plaît, si vous croisez un immigré qu’a l’air perdu, aux bords des larmes, assurez-vous que c’est la joie qui le submerge. Si c’est le contraire c’est que le peuple français a échoué quelque part.

Commentaires sur: "FOUK STAH" (2)

  1. Limmigrée dans ce pays tu seras respectée, aimée et entourée. Déjà, tu as trouvé la bonne manière de le découvrir. Ce n’est pas donné à toutes les gaourias de savoir le regarder du haut d’une terrasse et de l’apprécier.

  2. Anonyme a dit:

    les larmes c’est bon et beau
    mais faut pas en abuser, hein ?
    faut les utiliser pour arroser nos luttes à venir
    pour survivre dans le sourire
    et si t’échoues…
    je….
    je sais pas

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