Ou un journal presque intime…

Archives de 1 janvier 2011

MAALICH


On y est. 2011. Bonne année. C’est de rigueur. La rigueur aussi d’ailleurs. 2011. Ca passe vite hein ? C’est ça que vous vous dite. Une année de plus, le temps qui gagne, encore, toujours, à jamais.Tic Tac et trotte jusqu’au trou.Je dois vous souhaiter la bonne santé, la joie, le travail et autres choses conventionnées. Je le fais. Je vous le souhaite; si vous saviez comme c’est vrai…2010 a été pour moi une année pas comme les autres. J’ai quitté mon pays, plus par fatalité que par envie, et j’ai malheureusement enterré mes dernières molécules d’innocence que je choyais par espoir de garder quelques illusions. Maalich comme on dit ici. Rien n’est grave. Aujourd’hui est un autre jour, celui que tu voles au temps où dans certaines secondes tu te permets de ne plus avoir peur; où l’urgence n’y trouve pas de place, faute de temps. Des moments suspendus,le temps d’un électrochoc, d’un souffle; des yeux fermés, d’un cœur ouvert même si c’est pour oublier l’instant d’après. On cherche le tout, le grand quand la vie est dans le rien,l’infime, l’instant. Si je vous parle de demain ou même d’après que puis-je y espérer ? Du chaos, de l’aliénation mentale pour un portefeuille pas trop vide, des présidents marchands d’armes, de morts, des profits incertains, la misère assurée, ceux crèvent de faim, et les autres engraissés. Que puis-je espérer de toute une année ? Des putes au pouvoir, des enfants sacrifiés,Palestine saccagée, un monde qui ne l’est pas moins; des banquiers tjs pas pendu et la CB sortie pour un rien. 2011. Soyons honnête. Nous pouvons nous efforcer à se la souhaiter bonne, elle ne le sera pas. Mais peut-être que dans cet année; dans quelques une de ses journées ou du moins dans quelques secondes de celle-ci; le temps se figera dans le regard fier d’un enfant qui réussi à lire son 1er mot, dans la grâce d’une indignation commune, dans l’horreur d’un attentat, dans la magie de tomber amoureux, dans la tragédie de se savoir malade, dans la conscience de vivre tout simplement, dans ce qui fait mal; dans ce qui fait du bien; dans ce qui nous bouscule; dans ce qui nous rend serein, un instant, quelques secondes, de celles qui font le monde. Et ça je vous en souhaite plein. Et pourquoi pas des féroces et puissantes qui vous retournent comme un rien, une seconde suffit à vous transformer à vie. Tic tac. Je ne vous la souhaite pas bonne l’année, elle ne le sera pas. Je vous le souhaite bon l’instant. Je nous la souhaite cette seconde, celle qui nous accorde de ne pas finir échec et mat; celle qui renferme l’espoir, le rêve et le courage de celui ci. Qu’elle soit violente cette seconde, assez pour libérer cette rage qui demande bien plus de temps. Qu’elle nous explose à la gueule cette seconde qu’on puisse de nouveau croire à un demain, avec assez d’humilité pour ne pas faire du monde et de nous un principe d’éternité.